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Etats-Unis : la séquestration du carbone, sinon rien

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Equipée par Alstom, la centrale AEP de Moutaineer va capter 100.000 tonnes de C02 par an
Pour réduire sensiblement l’empreinte carbone de son industrie, les Etats-Unis doivent massivement investir dans la capture et la séquestration géologique du carbone. Problème, cette révolution énergétique sera difficile à mener sans donner un prix au… carbone.

L’administration Obama tient ses promesses. Le 3 février dernier, en la créant, le président américain avait donné 6 mois à la Task Force sur la capture et la séquestration géologique du carbone pour établir un premier bilan de la situation. Richement dotée (100 agents de 14 administrations), la toute nouvelle institution a tenu les délais. Jeudi 12 août, cette agence interministérielle a publié un volumineux rapport listant les avantages de ces technologies de réduction d’émissions et les écueils qui restaient à franchir pour assurer leur déploiement industriel.

L’objectif du gouvernement américain est clair : rattraper le retard que les Etats-Unis ont accumulé par rapport à l’Europe. Les premières opérations « commerciales » de captage et de stockage géologique du carbone (CSC) ont été entreprises par les Norvégiens (avec le pétrogazier Statoil), les Britanniques (BP en Algérie) et les Français (GDF Suez aux Pays-Bas). Bien sûr, les Américains participent à l’expérience de Weyburn qui consiste à doper l’exploitation pétrolière de champs mâtures en y injectant – pour accroître la pression ambiante – du gaz carbonique extrait des effluents d’une usine américaine. Mais le CO 2 lui-même est injecté par les Canadiens dans le sous-sol de la Saskatchewan.

Soutenue durant les deux mandats de George W. Bush, la CSC a peu progressé outre-Atlantique. L’expérience-phare, FutureGen (une centrale électrique au charbon n’émettant pas de gaz carbonique) a fini par être abandonnée, trop chère et trop complexe. Et les quelques petites expérimentations en cours impliquent fortement des entreprises françaises, comme Alstom Power ou Air Liquide.

Voyant qu’il ne parviendra pas à instaurer, par la loi, un dispositif contraignant l’industrie lourde américaine à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le locataire de la Maison blanche reprend des mains de son prédécesseur la baguette technologique. A dire vrai, il n’a pas le choix. Car la moitié de l’électricité américaine est produite à partir du charbon. Et cela n’est pas près de changer.

D’ores et déjà, Barack Obama a fixé un objectif ambitieux à ses troupes et à l’industrie. Dès 2016, dix installations de CSC de taille industrielle devront être opérationnelles. Objectif qui, s’il était atteint, damerait le pion aux Européens. Le plan stratégique de ces derniers pour le développement des technologies énergétiques à bas carbone (le Set Plan) prévoit la mise en service de 10 centrales au charbon « Zéro Emission » d’ici 2017. Le tout pour un coût qui pourrait dépasser les 16 milliards d’euros. La Maison blanche veut aller plus vite encore.

Mais le chemin s’annonce semé d’embuches. Certes, le rapport de l’agence interministérielle rappelle que les technologies existent, de même que les capacités de stockage. Ces dernières pourraient recevoir les émissions carbonées de toutes les centrales thermiques américaines pendant 1.000 ans. Pas si mal.

Hélas, la bataille n’est pas encore gagnée. A commencer par celle du financement. Car le captage et la compression du gaz carbonique coûte encore trop cher : entre 60 et 104 dollars (entre 46,85 et 81,21 €) la tonne de CO 2. Nécessité fait donc loi, souligne le rapport, de fixer un prix au dioxyde de carbone, faute de quoi aucun électricien ne sera incité à capturer et injecter dans le sous-sol ses effluents carbonés. Problème : pour fixer un tel prix, il n’y a que le marché de quotas (que le Congrès refuse toujours d’instaurer) ou la taxe carbone qui n’a jamais eu beaucoup de supporters.

L’étude souligne également la dispersion des efforts publics. Chacun y va de son programme ou de sa subvention. Pour plus d’efficacité, la Task Force recommande la création d’une autorité fédérale chargée du développement et du déploiement de la CSC. Reste à savoir qui, du Secrétariat à l’énergie ou de l’Agence de protection de l’environnement prendra le leadership de la future agence.

http://www.fossil.energy.gov/news/techlines/2010/10035-CCS_Task_Force_Issues_Report.html

Article écrit le 13 août 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg, pour le site du Journal de l’Environnement


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