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Etats-Unis : 40 ans de protection de l’air

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Le Clean Air Act adopté en 1970 aux Etats-Unis fête ses 40 ansA l’occasion du 40e anniversaire du Clean Air Act, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) dresse un bilan positif des mesures mises en place depuis 1970, tant sur le plan sanitaire qu’économique. Un modèle à suivre pour relever le défi actuel de réduction des gaz à effet de serre.

En 1948, un nuage de pollution formé au-dessus de la cité industrielle de Donora, en Pennsylvanie, cause la mort de 20 personnes et rend malades 6.000 des 14.000 habitants. Quelques années après, en 1952, le « Killer Fog » provoque 3.000 décès à Londres. Ces drames ont favorisé la prise de conscience du danger représenté par la pollution de l’air.

Mais il faudra attendre 1970 pour que le Congrès américain adopte une législation forte, le Clean Air Act, et crée la même année l’EPA, chargée de sa mise en œuvre. De 1970 à 1990, le Clean Air Act aurait permis d’éviter 205.000 décès prématurés, 672.000 bronchites chroniques, 21.000 maladies cardiaques et 843.000 crises d’asthme, selon l’analyse de l’EPA. Les mesures auraient principalement bénéficié aux enfants, en limitant le nombre de retards cognitifs, grâce à la réduction des taux de plomb dans l’essence, et en évitant 18 millions de cas de pathologies respiratoires.

Cette loi fédérale de protection de la qualité de l’air a plusieurs objectifs : la surveillance de 6 polluants prioritaires[1] ainsi que le contrôle du respect des normes associées ; la réduction des émissions de dioxyde de souffre (SO2) et d’oxydes d’azote (NOx) responsables des pluies acides ; la réduction des polluants à l’origine de brouillards de pollution (PM, SOx, NOx) ; le contrôle des sources de polluants atmosphériques toxiques (mercure, dioxines) ; et la restriction des substances responsables de la destruction de la couche d’ozone.

« Globalement les normes européennes sont plus strictes qu’aux Etats-Unis et concernent un nombre plus important de polluants de l’air, explique Karine Léger, adjointe au directeur d’Airparif. En revanche, les Etats-Unis ont ciblé les particules fines, avec des normes plus sévères que celles de l’UE [15 microgrammes par mètre cube versus 25 µg/m3 pour le seuil annuel des PM2,5]. » Leur approche serait également plus transversale car elle prend en compte le CO2 et le changement climatique.

Depuis l’élection du président Obama, plusieurs normes ont été renforcées. Celle sur le SO2 en juin dernier [voir le JDLE] et celle sur le NO2, abaissée à 100 parties par milliard (ppb) en janvier 2010 [voir le JDLE]. « Les Américains commencent tout juste à mettre en place des appareils de mesure du NO2 à proximité des axes de trafic, alors qu’ils sont en place depuis plusieurs années en Europe », remarque Karine Léger.

Les Etats sont autorisés à fixer des normes plus strictes que celles de l’EPA, mais pas moins sévères. Et c’est aux Etats ou aux gouvernements locaux que revient la responsabilité de délivrer les permis industriels. « Aux Etats-Unis, l’approche est davantage incitative. En Europe, la législation s’impose aux Etats de façon plus stricte, avec un risque de pénalités financières de la Commission européenne à la clé », explique Karine Léger.

En 1990, le Congrès a toutefois renforcé le Clean Air Act et l’autorité de l’EPA. Conséquence, les émissions des 6 principaux polluants ont baissé de 41 % entre 1990 et 2008 [en dépit d’une hausse du PIB de 64 %] et les taux de plomb dans l’air de 92 % par rapport à 1980, selon l’EPA, – qui se félicite également de l’impact positif de ses normes sur le secteur automobile. Le plan de lutte contre les pluies acides aurait permis de réduire de plus de 30 % le dépôt de substances acides dans le Midwest et le Nord-Est depuis 1990, grâce à un système de quotas pour les centrales énergétiques.

L’amélioration de la qualité de l’air ne devrait pas s’arrêter là, puisque l’EPA estime que 160.000 décès prématurés devraient être évités en 2010 grâce aux nouvelles normes relatives aux particules fines et à l’ozone [les seuils sont révisés tous les 5 ans]. Globalement, elle a calculé que le bénéfice économique de l’amélioration de la qualité de l’air devrait atteindre 2 trillions de dollars (1,53 trillions d’euros) (!) en 2020, soit un montant supérieur au coût de la mise en œuvre du Clean Air Act depuis 1990.

« Le succès du Clean Air Act démontre que l’on peut à la fois protéger la santé et l’environnement, et favoriser la croissance économique, a déclaré Lisa Jackson, directrice de l’EPA. Nous poursuivrons cette dynamique pour relever les défis de la protection de l’air au cours des 40 prochaines années, en œuvrant pour réduire les gaz à effet de serre et favoriser la croissance de l’économie américaine ».

Une volonté saluée par le Sierra Club, une des principales ONG environnementales américaines. L’association met toutefois en garde contre le risque d’affaiblissement de cette législation majeure par le Congrès, sous l’action des lobbies industriels. « Alors que nous sommes confrontés à une perturbation du climat, nous devons renforcer, et non pas affaiblir le Clean Air Act, déclare Michael Brune, directeur exécutif du Sierra Club dans un communiqué du 14 septembre. Les catastrophes récentes liées aux forages pétroliers et aux mines de charbon nous rappellent que ces industries polluantes ont le devoir d’être plus responsables. »

Enfin, en dépit de cette amélioration de la qualité de l’air depuis 40 ans, de nombreuses régions aux Etats-Unis ne respectent toujours pas les seuils pour au moins 1 des 6 polluants prioritaires, notamment dans les grandes villes. En 2008, environ 126 millions d’Américains ont respiré un air non conforme, principalement pour l’ozone (120 millions de personnes), les particules fines PM2,5 (37 millions) et PM10 (15 millions) et le plomb (4,8 millions).

[1] Monoxyde de carbone (CO), dioxyde d’azote (NO2), plomb (Pb), ozone (O3), particules fines (PM 2,5 et PM10) et dioxyde de souffre (SO2)

Article écrit le 17 septembre 2010 par Sabine Casalonga, pour le Journal de l’Environnement


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